
Flashfire, Richard Stark.
Rivages.
La question
maintes fois posée à propos de Donald Westlake,
reste : est-ce qu’il n’écrit pas trop ? Voici,
un roman qui va dans le sens de ses rares détracteurs.
De surcroît, comme certains le savent, il emprunte des pseudonymes
pour publier d’autres ouvrages, comme ici, celui de Richard
Stark.
Tout talentueux qu’il soit, Donald Westlake, utilise souvent
une formule qui marche : un braquage complexe, souvent original.
C’est un genre en soi, tant au ciné qu’en polar,
avec ses codes : la préparation du coup, le recrutement
de l’équipe, le braquage qui ne se déroule
pas comme prévu et le dénouement. En gros.
Ce roman montre un nouveau braquage de Parker le héros
sérieux, de Richard Stark qui « s’oppose »
à l’amusant et malchanceux Dortmunder de Westlake.
L’intrigue n’est qu’un prétexte, Parker
a l’intention de doubler une bande de braqueurs qui veut
dérober des bijoux en Floride. En gros.
Donald connaît bien son affaire pour écrire un livre
qui se lit de bout en bout, assez rapidement. Il possède
un style efficace, qui contrairement à la majorité
des polar US, ne se base pas sur l’éternelle faute
originelle du héros, qui a tué son coéquipier,
couché avec la femme de son chef, écrasé
un petit minou innocent dans sa tendre enfance. Ce qui nous vaudrait
trois pages de biographies ineptes et une rédemption toute
pétrie de sentiments cathos dégoulinants. L’horrible
compassion chrétienne, berk.
Ici, à l’inverse, Parker n’existe que par les
actions qu’il commet. La narration ne s’embarrasse
pas de sentiments, à l’instar de son héros.
Le style sec, sans fioriture nous fait avancer dans le récit,
sans nous plomber avec un passé dont on aurait des comptes
à rendre.
Pourtant, cette qualité se transforme aussi en écueil
pour le lecteur. Parker, malheureusement, ne rencontre que peu
d’obstacles dans l’avancée de son affaire.
Du coup, le récit ne présente aucun enjeu, voire
fait naître une lassitude rapide. Le moindre ennemi est
criblé de balles, l’argent devient facile, les femmes
tombent. Pff. Même Philippe Marlowe avait des journées
plus dures que ce héros moderne…
De surcroît, pour rajouter un dernier clou au cercueil de
ce livre, l’histoire s’oublie aussi vite qu’elle
a été lue. Si la littérature de gare devient
l’ambition de Donald Westlake, on peut dire qu’ici,
elle a été atteinte…
A lire, en attendant, un nouveau « couperet », «
Aztèques dansants » ou quelque chose de différent
qu’une simple digression de ce qu’il a écrit
cent fois.
Manu.