
Une enquête du commissaire
Nubrait, flanqué de son indéboulonnable pote Pilche, à
l’ombre des gares, aux fils des rails. Nouvel éditeur oblige.
Les morts tombent, l’enquête s’alambique, nos protagonistes
digressent, s’interrogent. La noirceur s’installe.
Résumer un bouquin de Philippe serait une entreprise bien vaine.
Pas tellement que l’histoire importe peu, elle ne semble jamais
sa priorité. Tout devient vite affaire de style, d’ambiance.
Deblaise, détone dans le petit monde du polar, il faut rien comme
les autres. C’est tant mieux. Il tente de déroger aux convenances,
en proposant une écriture particulière. Chacun de ses
livres ressemble à un exercice de style, un long travail sur
les mots. Les phrases sont nourries, gavées parfois, de vocabulaire
choisi, pesé, soupesé.
Dans ce dernier ouvrage, Philippe parvient à encore mieux maîtriser
le rythme, en alternant les longues tirades, puis les phrases soudainement
courtes. Les dialogues prennent une place centrale dans le récit.
L’ensemble donne un ouvrage, parfois laborieux à lire parce
qu’inhabituel. Les pertes de repères sont nombreuses.
Pour autant, ici, on renoue avec l’essence du roman noir : mettre
l’intrigue au second plan, pour mieux travailler sur l’ambiance.
Décrire des meurtres affreux, faire du social, juger la société
corruptrice semble dénué d’intérêt
sans un regard. Ce regard, Philippe le possède.
Manu.
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