Draisine et chocolat -

Philippe Deblaise

Rail Noir N°11 -


 

Une enquête du commissaire Nubrait, flanqué de son indéboulonnable pote Pilche, à l’ombre des gares, aux fils des rails. Nouvel éditeur oblige. Les morts tombent, l’enquête s’alambique, nos protagonistes digressent, s’interrogent. La noirceur s’installe.
Résumer un bouquin de Philippe serait une entreprise bien vaine. Pas tellement que l’histoire importe peu, elle ne semble jamais sa priorité. Tout devient vite affaire de style, d’ambiance.
Deblaise, détone dans le petit monde du polar, il faut rien comme les autres. C’est tant mieux. Il tente de déroger aux convenances, en proposant une écriture particulière. Chacun de ses livres ressemble à un exercice de style, un long travail sur les mots. Les phrases sont nourries, gavées parfois, de vocabulaire choisi, pesé, soupesé.
Dans ce dernier ouvrage, Philippe parvient à encore mieux maîtriser le rythme, en alternant les longues tirades, puis les phrases soudainement courtes. Les dialogues prennent une place centrale dans le récit.
L’ensemble donne un ouvrage, parfois laborieux à lire parce qu’inhabituel. Les pertes de repères sont nombreuses.
Pour autant, ici, on renoue avec l’essence du roman noir : mettre l’intrigue au second plan, pour mieux travailler sur l’ambiance.
Décrire des meurtres affreux, faire du social, juger la société corruptrice semble dénué d’intérêt sans un regard. Ce regard, Philippe le possède.

Manu.